Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Fermer

Succession : le silence qui coûte cher
information fournie par Mingzi 16/05/2025 à 15:05

Garder le silence en matière successorale peut être une mauvaise idée. (Crédits photo: Shutterstock)

Garder le silence en matière successorale peut être une mauvaise idée. (Crédits photo: Shutterstock)

Hériter ne se résume pas à recevoir un patrimoine : c'est aussi risquer de porter les dettes du défunt. Un simple oubli ou un délai dépassé peut transformer un héritage en piège financier, comme l'illustre cette affaire dans laquelle le syndicat de co-propriétaires du défunt somme les héritiers.

A l'ouverture d'une succession, chaque héritier a le choix entre trois options

Le droit français laisse à chaque héritier le soin de choisir, à l'ouverture d'une succession, entre trois options :

- Accepter purement et simplement la succession :

l'héritier reçoit alors tous les biens et droits du défunt, mais aussi toutes ses dettes, sans limite. Cela signifie que si les dettes sont supérieures à l'actif, l'héritier devra les payer sur ses biens personnels. Cette option est risquée si l'on ne connaît pas exactement la situation financière du défunt.

-  Renoncer à la succession :

l'héritier renonce à tous les biens et ne récupère rien de la succession. En contrepartie, il n'a pas à payer les dettes du défunt. Il est alors censé n'avoir jamais été héritier aux yeux de la loi. Cette option est souvent choisie si la succession est manifestement déficitaire.

- Accepter la succession à concurrence de l'actif net :

l'héritier accepte la succession, mais ne paiera les dettes du défunt qu'à hauteur de ce qu'il reçoit. Si le patrimoine du défunt ne couvre pas toutes ses dettes, l'héritier n'a rien à payer en plus.

Cette liberté de choix est cependant encadrée par des délais précis, notamment lorsque l'héritier est sommé par un créancier de prendre parti.

Les héritiers sommés par le syndicat des copropriétaires, créancier du défunt

Dans cette affaire, les enfants d'un défunt sont sommés par le syndicat des copropriétaires — créancier du père décédé — de se prononcer sur leur option successorale. Conformément à l'article 771 du Code civil, cette sommation a été faite plus de deux ans après le décès. Les héritiers ne réagissent dans les deux mois suivants, et ne demandent pas de délai supplémentaire auprès du juge, comme le leur permettait pourtant l'article 772.

Résultat : ils sont juridiquement réputés avoir accepté la succession purement et simplement. Cette acceptation de plein droit les rend responsables des dettes du défunt, sans limitation. La Cour de cassation a donc confirmé leur condamnation à régler solidairement une créance de plus de 91.000 euros correspondant à des charges de copropriété impayées.

Un silence lourd de conséquences

La portée de cette décision est importante, notamment pour les héritiers confrontés à des successions complexes ou potentiellement déficitaires. La jurisprudence vient rappeler que l'inaction ne protège pas : au contraire, elle scelle l'engagement.

Le raisonnement de la Cour repose sur une lecture stricte du Code civil : une fois les délais expirés sans réaction de l'héritier, la loi présume son acceptation. Dès lors, toute tentative ultérieure de renoncer à la succession est irrecevable.

La Cour écarte par ailleurs une défense souvent avancée : tant qu'aucune décision judiciaire n'est intervenue pour constater cette acceptation, il serait encore possible de renoncer. Elle affirme ici que la présomption légale joue automatiquement, sans qu'un jugement constatant l'acceptation soit nécessaire pour la rendre effective.

Source : Cour de cassation - 5 février 2025 - Pourvoi n° 22-22.618

4 commentaires

  • 16 mai 21:52

    Le barème des droits de succession est déjà fortement progressif.
    En ligne directe - si ma mémoire est bonne - il passe de 0% sous le seuil d'abattement, à 20% , puis à 30% au dessus d'environ 550k€ / personne, puis à 40% au dessus de 900k€.
    Impossible donc de les tripler, ça ferait plus de 100%.


Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi

  • Quels revenus peuvent échapper à l'impôt dans le cadre de la déclaration de revenus pour 2025 ? (Crédits photo : ©  Africa Studio - stock.adobe.com)
    information fournie par Moneyvox 12.05.2025 08:30 

    Jusqu'au 5 juin au maximum, vous pouvez déclarer les revenus perçus au cours de l'année 2024 à la Direction générale des finances publiques (DGFiP). Mais certains d'entre eux échappent à l'impôt sur le revenu. Intérêts des livrets réglementés, prime Macron, heures ... Lire la suite

  • Seul le cumul emploi retraite intégral vous permet d’augmenter vos pensions de retraite mensuelles. ( crédit photo : Getty Images )
    information fournie par Le Particulier 17.05.2025 09:00 

    Le cumul emploi-retraite permet de reprendre une activité professionnelle après la liquidation de votre retraite. Par ce procédé, vous augmentez vos ressources. Depuis la réforme de 2023, il est possible d’acquérir de nouveaux droits à la retraite et d’obtenir ... Lire la suite

  • maison abritant une famille (Crédits: Adobe Stock - IA)
    information fournie par Café de la Bourse 17.05.2025 08:33 

    Est-ce le bon moment pour acheter un bien immobilier ? Parce que cet investissement est conséquent et nécessite le plus souvent de s'endetter sur plusieurs décennies et d'immobiliser une part très importante de son capital, la question du timing est soulevée par ... Lire la suite

  • Le crowdfunding s’essouffle après une décennie d’expansion / iStock.com - AndreyPopov
    information fournie par Boursorama avec LabSense 17.05.2025 08:30 

    Après dix ans d'essor et 10 milliards d'euros collectés, la tendance du crowfunding affiche une perte de vitesse, avec une baisse de 17,1 % en 2024. Ce recul du financement participatif reflète la crise immobilière, sur fond d'inflation et d'instabilité économique. ... Lire la suite